La vie est toujours vecue dans l'attente d'une histoire d'amour

Bok av Pierre Geneste
Aider le destin a rompre les amarres.Ceci n'est pas une histoire. Ou plutot, ceci n'est pas seulement une histoire. Elle est de celles dont on ne sait pas vraiment comment elle commence, parce que peut-etre n'a-t-elle jamais seulement commence... ou alors sur une note si basse, qu'il ne nous etait pas donne de nous en rendre compte.La vie est toujours vecue dans l'attente d'une histoire d'amour. Celle-ci vivra au-dela de son dernier matin, un simple matin de lune. Elle se prolongera dans le silence d'une musique patiente, immesuree. Elle nous emportera, sans conscience d'un quelconque repos du temps, car c'est ainsi que les histoires d'amour abolissent les limites. Il nous arrive a tous, un jour, de monter a bord sans bagage, les mains calees au fond des poches, le regard pret a suivre n'importe quel horizon, pour le seul plaisir de participer au voyage, en chantonner le refrain, aider le destin a rompre les amarres. Essayer.Plongez dans une histoire d'amour poetique qui vous emportera, sans conscience d'un quelconque repos du temps, car c'est ainsi que les histoires d'amour abolissent les limites.EXTRAITTandis que dans le fond du cafe, s'ecoule un temps que l'horloge ralentit, un profond silence s'installe entre Baba Raga, aussi appele Babaji, et moi.Nul autre mot n'est alors necessaire. Je me leve. Adresse vers lui un lent, tres respectueux signe de tete.De la table voisine, la fille au chemisier de dentelle, elle aussi, se leve. Regarde lentement tout ce qui, dans la condensation du moment, emplit encore l'espace autour d'elle. Ramene en chignon au-dessus de sa tete les cheveux qui, l'instant d'avant, jouaient a ses epaules. Reajuste sa jupe froissee. Fait un signe d'au revoir vers Baba Raga. Se dirige vers la sortie, familiere du regard porte sur elle par les hommes dans la salle. Lorsque ma main actionne la poignee de la porte couleur de sable, j'entends battre sur le bord du comptoir, le rythme des doigts de l'Indien.Je m'efface legerement. La jeune femme me precede. Une fraicheur de lait frole et passe la porte retenue par ma main. Ensemble nous retrouvons la pluie, alors que la fraicheur de lait se dissipe deja dans l'air mouille de la rue.Je la regarde s'eloigner comme une lame de vent la rejoint, file sous la fine etoffe de sa robe qui s'envole, offrant ainsi aux passants, la fragilite soyeuse de sa peau derobee.A PROPOS DE L'AUTEURPierre Geneste signe ici son second roman. Il s'agit encore de rever, de preference eveille. Le voyage s'ecoule lentement. On y rencontre ce que l'inattendu sait parfois vous presenter de merveilleux, et s'il est souvent question de larguer les amarres, ce n'est apres tout qu'une facon comme une autre de savoir recourir au bonheur. Qui, lorsque l'amour s'anime, y verrait une objection ?