Farinet ou la fausse monnaie : Biographie romancee d'un hors-la-loi

Bok av Charles Ferdinand Ramuz
Le recit biographique passionnant d'un faux-monnayeur dans le Valais du XIXe siecle.Joseph-Samuel Farinet a bel et bien existe. Ne en 1845 et mort en 1880, ce faux-monnayeur est vite devenu un heros fabuleux. Ce n'est ni le heros de legende, ni le mythe folklorique valaisan, ni meme le fait divers en soi, aux allures de roman policier, qui interessent Charles-Ferdinand Ramuz. Farinet incarne cette liberte que veut celebrer le poete !Au-dessus du village de Mieges en Valais, Maurice Farinet, fils de contrebandier, fabrique imperturbablement de la fausse monnaie avec de l'or qu'il recueille au sein de la plus haute montagne surplombant son village. Il ecoule ses pieces d'or sans peine aupres des gens du pays, tous acquis a sa cause. N'est-ce pas de l'or pur officiellement atteste? Et cette monnaie n'est-elle pas plus fiable que celle du gouvernement? Arrete a Aoste et condamne a six ans de reclusion, Farinet s'echappe de prison par deux fois et se refugie toujours plus haut dans ses montagnes ou il se croit invincible. Pourtant, malgre la solidarite villageoise, la proposition d'un compromis qui le fera renoncer a son or et l'amour entrevu dans le regard d'une jeune fille, le destin de cet esprit rebelle a toutes les lois humaines semble joue.Postface de Philippe Renaud du centre de recherches sur les lettres romandes a Lausanne (CRLR).L'histoire de Farinet, cet hymne a la liberte, est racontee par l'auteur dans une langue rude, simple, a la respiration haletante, refletant bien le caractere et la vie des montagnards.EXTRAIT- Oui, a continue Fontana, parce que je dis, moi, que son or est meilleur que celui du gouvernement. Et je dis qu'il a le droit de faire de la fausse monnaie, si elle est plus vraie que la vraie. Est-ce que, ce qui fait la valeur des pieces, c'est les images qui sont dessus, ou quoi ? ces demoiselles, ces femmes nues ou pas nues, les couronnes, les ecussons ? Ou bien les inscriptions peut-etre ? Ou bien leurs chiffres, disait-il, les chiffres qu'y met le gouvernement ? Les inscriptions, on s'en fout, pas vrai ? et les chiffres aussi, on s'en fout. Ca ne serait pas la premiere fois que le gouvernement vous tromperait sur la valeur et sur le poids, tout aussi bien qu'un particulier. Demandez seulement a ceux qui s'y connaissent. Le gouvernement vous dit : Cette piece valait tant ; eh bien, maintenant elle vaudra tant... Ca s'est vu, ca peut se revoir. C'est moins honnete que Farinet, les gouvernements, parce qu'a lui, ce qu'on lui paie, c'est en quoi ses pieces sont faites et, a eux, c'est ce qui est dessus...A PROPOS DE L'AUTEURCharles-Ferdinand Ramuz est ne a Lausanne le 24 septembre 1878. Il a fait des etudes de Lettres a l'universite de Lausanne et y a obtenu sa licence en 1901. Il a exerce la profession de maitre d'etudes au College d'Aubonne avant de comprendre rapidement qu'il n'etait pas fait pour l'enseignement. Il s'est alors rendu a Paris et a etudie a la Sorbonne ou il a prepare une these sur Maurice de Guerin. Il y a vecu entre 1904 et 1914 et y a ecrit Aline (1905), Jean-Luc persecute (1909) ou encore Vie de Samuel Belet (1913) Il a aussi ecrit des nouvelles, des chroniques et des poemes (dont le recueil Le Petit Village en 1903). Les themes specifiques ramuziens, tels que la solitude de l'homme face a la nature ou la poesie des terres, des vignes et du lac y etaient deja presents. A Paris il a frequente des artistes et ecrivains suisses et francais tels que Charles-Albert Cingria, Andre Gide ou encore le peintre Rene Auberjonois.