De la constitution a l'accord de Carthage : Les premieres marches de la IIe Republique

Bok av Hatem M'rad
La IIe Republique est peut-etre mal nee.La IIe Republique est peut-etre mal nee. Elle est en train de payer le prix d'une Constitution un peu trop transactionnelle, objet de tiraillements et de marchandages politiques entre seculiers et islamistes. Ces derniers, ont rudement negocie a l'ANC, en position de force, un regime parlementaire tendant a l'eclatement des pouvoirs entre plusieurs autorites politiques, de telle sorte que meme renvoyes a l'opposition, ils puissent detenir encore de l'influence a defaut des clefs de l'Etat. Pour contourner l'obstacle politique, rassurer une opinion desemparee, contrariee par la lenteur des reformes, la montee de la corruption et la gravite de la situation economique, le President de la Republique a propose aux differents partis l'idee d'un gouvernement d'union nationale, devant mettre en A uvre d'un commun accord un programme d'urgence contenant une liste de priorites, en vue de faire redemarrer la machine etatique, essouflee par les crises multiples.Ce livre retrace les differents evenement qui ont marque cette periode qui a vu les premiers lineaments, voire les premiers balbutiements, de la nouvelle Republique, symbolisant la rupture avec le systeme autoritaire.EXTRAITDans les regimes parlementaires habituels, tant les gouvernements de coalition (coalitions restreintes ou elargies) que les gouvernements d'union nationale sont diriges par un premier ministre issu du parti detenteur de la majorite electorale. Il s'agit d'ordinaire d'un homme politique de premier plan. Ces gouvernements peuvent inclure tous les partis qui veulent bien y participer, pour peu qu'ils se mettent d'accord sur un plan ou charte de gouvernement, et tous les technocrates possibles. Pourquoi Essebsi tient tant a faire passer le message (adresse surtout a Ennahdha) qu'un premier ministre independant est la seule preuve de son intention de ne pas gouverner seul ? On peut ne pas gouverner seul et mettre un premier ministre de Nida. Puisque les autres partis acceptent d'y etre. Dans ce cas, peu importe qu'Ennahdha soit au gouvernement ou pas, le gouvernement est tenu par le parti majoritaire et par un homme politique de premier plan. On aurait respecte l'esprit du gouvernement parlementaire. Et on aurait satisfait ainsi et les electeurs de Nida et de ses allies, ainsi que la base du parti, sans mecontenter totalement les autres composantes du gouvernement.A PROPOS DE L'AUTEURHatem M'rad est professeur agrege de science politique a la Faculte des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis. Il est President-fondateur de l'Association Tunisienne d'Etudes Politiques, et ancien membre du Comite Executif de l'International Political Science Association (IPSA). Il est l'auteur, entre autres, de Liberalisme et liberte dans le monde arabo-musulman (Les Cygnes, Paris, 2011) ; Le deficit democratique sous Bourguiba et Ben Ali (Nirvana,2015) ; Liberalisme et antiliberalisme dans la pensee politique (Les Cygnes, 2016) ; Tunisie, de la revolution a la constitution (Nirvana, 2014); De la Constitution a l'accord de Carthage (Nirvana, 2016). Il tient une chronique hebdomadaire au journal numerique Le Courrier de l'Atlas.